Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les amis de Christine Pujol
29 février 2020

Quartiers difficiles ?

6F8B00C6_8188_4A44_A53F_015201497871

Je n’ai pas trouvé grand monde qui ait trempé sa plume dans les quartiers dits difficiles. On peut aisément le comprendre : qui oserait mouiller sa liquette à prendre le risque d’écrire n’importe quoi pour un retour de manivelle qui pourrait déstabiliser l’équipe de celui qui aurait osé…

Chez Christine, on n’a peur de rien. D’autant qu’après la curieuse affaire des sacs de billets de banque qui a un temps défrayé la chronique lors des précédentes élections, certains ne sont pas tellement espérés dans les ruelles des quartiers.

J’ai fait partie de l’expédition qui nous a menés au cœur de La Conte. Un quartier dont je pense qu’aucun d’entre nous (Sauf la merveilleuse petite brunette qui parle leur langue comme moi j’écris le français) n’avait franchi les portes de ces beaux immeubles entièrement refaits.

Franchis ? On n’a pas pu : il faut un badge électronique que nous ne possédions pas, comme dans les immeubles luxueux de la capitale à Macro.

Mais quelle ne fut pas notre surprise, lorsque de mignons bambins aux cheveux bouclés nous interpellèrent en nous déclarant que, pour les boites aux lettres, elles étaient toutes regroupées en bordure de route, ce qui nous facilita bien évidemment la tâche.

Stupeur encore lorsque, un peu plus loin, nous pûmes longer un bien joli petit jardin avec des jeux d’enfants comme il n’en existe aucun dans le centre de la ville. Pelouse en moquette à ne pas tondre, toboggans bariolés, petite maison construite façon dinette, quel fut notre étonnement de découvrir ce délicieux jardin arboré au cœur de la cité.

Un peu plus loin, nous allâmes causer avec le boulanger du quartier, jeune garçon déjà un peu usé par un métier ingrat, qui écouta nos propos avec une sagesse mesurée.

Et quelques pas plus loin nous nous rendîmes au seul café de la Cité. Un café « comme là-bas », avec ses néons sulfureux, sa clientèle exclusivement maghrébine ne buvant que du thé et un peu de coca, jouant aux cartes (Mais pas à la belote) et à une sorte de jeu bizarre, style jacquet, dont j’avais eu l’occasion de voir les mêmes plaquettes à Marrakech trois semaines auparavant.

Un accueil plutôt frais (C’est exceptionnel d’y voir tant des touristes d’un seul coup), mais très rapidement un contact agréable avec le patron et son employé marocain, qui nous offrirent un thé corsé et échangèrent avec nous longuement sur Christine (Dont ils avaient à peine entendu parler) et sur leur problématique du rejet, ou du moins de l’indifférence. 

Dès que nous abordèrent la question de la municipalité actuelle, nous avons senti les visages se crisper : y en a que l’on n’accueillera probablement pas avec un bouquet d’hémérocalles à l’orée de la maisonnée !

Nous repartîmes après un bon quart d’heure d’échanges simples mais efficaces.

Salam alaykoum, les amis, nous avons passé un bon moment avec vous et nous nous sommes promis d’y revenir avec Christine qui n’avait pu se joindre à nous ce soir-là.

Pour y déguster un thé à la menthe avec notre égérie.

Nous retraversâmes ce beau quartier : il y semble bon vivre.

Nous eûmes droit à un coup de crissement de pneus d’une Mercedes haut de gamme qu’on ne pourra jamais se payer, conduite par un jeunot bien gominé. J’ai cru comprendre qu’il faisait partie de ces rares individus qui font « vivre » les quartiers et que notre police respecte car « il vaut mieux ça que des attaques de banque à main armée »  avec quelques cadavres à la clef.

Une réflexion authentique entendue dans l’intérieur d’une prison, un jour de vent d'Autan…

Conduits par notre jolie guide, nous pûmes accéder à des boites aux lettres placées à l’intérieur de résidences fermées, grâce à l’amabilité d’autochtones qui revenaient d’un petit marché aux légumes tout proche où se vendaient encore des produits frais de bel aspect, à 19 heures, sous une bruine qui trempait copieusement nos gabardines, à la lumière blafarde de quelques ampoules à baïonnette.

Nous allâmes à la mosquée, à l’heure de la prière. Nous y avons vu beaucoup de personne âgées en djellaba à capuche qui vivent leur religion dans la sérénité, surpris de voir des non croyants dans l’enceinte de leur mosquée pas totalement interdite. Nous avons été salués avec curiosité mais avec respect, mais nous n’avons pu rencontrer l’imam qui, ce soir-là n’était pas disponible.

 

Je suis rentré chez moi soulagé. J’avais enfin traversé la Cité de La Conte, à pied, de nuit, dans cette fin de journée tristement pluvieuse, n’ayant rencontré dans les faits que des gens accueillants et aimables.

 

Un choc de culture, certes, mais une intégration complètement ratée par la municipalité actuelle.

J’y reviendrai, c’est sûr, et j’irai y boire un thé à la menthe dans cette ambiance qui n’est pas sans me rappeler celle, ô combien agréable, des petites ruelles enfumées qui courent derrière la place des trépassés Jemaâ El-Fna...

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Archives
Publicité