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Les amis de Christine Pujol
19 février 2020

I HAVE A DREAM !

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 Tout récemment, sous le titre pompeux « Le cri d’alerte d’un généraliste aux

candidats », un article paru dans un journal local nous apprend qu’un ancien médecin

militaire à la retraite qui a rempilé dans le privé, attire l’attention des futurs élus sur le
problème de l’insuffisance du nombre de médecins en France et le problème de la prise
en charge de leurs patients lorsqu’ils devront partir à la retraite.
Il était temps que les politiques soient alertés d’une évidence qui secoue le pays
depuis mai 1980, date de l’installation effective du numerus clausus qui limite le nombre
des étudiants pouvant s’inscrire dans les Facultés de Médecine françaises.
Numerus clausus qui a été supprimé le 24 juillet 2019, mais qui a permis à 10%
des médecins actuels d’être d’origine maghrébine, sans compter autant de médecins
qui sont d’origine européenne. (Le nombre d’étudiants en médecine passant
progressivement de 8588 en 1972 à 3576 en 1996 et 1997 expliquant la situation
actuelle, même si le nombre d’étudiants en Médecine (Tronc commun) s’est élevé par
la suite, repassant au dessus de 7000 à partir de 2007.
Malheureusement, le nombre de médecins partant à la retraite reste supérieur au
nombre de médecins formés (Il faut 8 à 10 ans pour former un médecin). Et l’âge
moyen des médecins en exercice étant de 51 ans on peut penser que le creux de la
vague n’est pas encore atteint !
Pire: les jeunes étudiants en Médecine qui n’ont pas été reçus au barrage français
s’expatrient en pays étranger (Roumanie, Belgique principalement) pour y accomplir
leurs études en Médecine (Environ 2000 étudiants français) puis reviennent s’installer
en France une fois leurs étude terminées alors que l’on accueille à bras ouverts les
médecins étrangers dans nos villes, dans nos villages et dans nos hôpitaux (Où ces
deniers sont moins bien payés que les médecins français).
Des aberrations qui ont radicalement transformé le paysage médical de notre
pays.

Ces faits étant clairement posés, que peut faire un maire pour améliorer la prise en
charge des patients du fait de l’insuffisance du nombre des médecins libéraux ?
Beaucoup a déjà été fait par les médecins eux-mêmes: cela a commencé dans les
années 80 par l’association des médecins, vivant souvent en concurrence et qui, pour
diminuer à la fois le coût de leurs charges et améliorer leurs conditions de travail
(gardes du W.E. par exemple), se sont associés pour créer des Centres médicaux. La
pénurie croissante de médecins amène aujourd’hui à la création de Maisons médicales
dans lesquelles on pourrait bien demander un jour aux médecins (Libéraux et, pourquoi
pas, hospitaliers) d’aller accomplir des heures ou des journées de travail en dehors de
leur secteur d’activité.
Peut-être une avancée, aussi, dans la fonctionnarisation de la médecine.
Il faut donc s’adapter. C’est ce que font beaucoup de maires aujourd’hui puisque la
classe politique s’est fixé un objectif clair (Et irrémédiable?) : réduire les dépenses de
santé par la réduction du nombre des médecins et par la réduction du nombre de lits
dans les établissements de santé.

Dans le privé : le poids des charges et le poids des impôts fait qu’à partir d’un
certain seuil de gains, le médecin ne travaille plus que pour l’État. Ou presque.
Donc il ne travaille plus 6 jours/semaine comme dans les années soixante, ni cinq
jours, mais trois ou quatre jours voire moins. Aujourd’hui la pensée du médecin libéral
(Surtout en ville, mais de plus en plus à la campagne) est : moins je gagne, moins je
paye d’impôts.
Réalité incontournable.
Le confort de vie du médecin s’améliore. Tant mieux pour lui car en cette matière,
le patient est devenu intransigeant : « Quand je l’appelle il faut qu’il vienne tout de
suite ! » quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit..
Réponse du berger à la bergère : je débranche mon téléphone pour la tranquillité à
laquelle j’ai aussi droit (Et ainsi, je ne risque pas de tomber sous le coup de la Loi pour
« Non assistance en personne en danger »).
Quant à l’obligation du « Stage chez le praticien obligatoire » pour les étudiants et
internes en médecine, ce n’est rien de plus qu’un emplâtre sur une jambe de bois.
Repenser le « programme » de la Santé pour ceux qui souhaiteraient être élus
localement est donc un sérieux casse-tête.
La situation catastrophique actuelle est un vœu pieu de l’État. Il en subit les
conséquences.
Et il s’en moque.
Alors on peut faire des « ponts d’or » aux jeunes médecins pour qu’ils viennent
s’installer dans des campagnes semi-désertiques. Le résultat est souvent clair : des
médecins étrangers alléchés par la possibilité de venir s’installer en France, répondent
favorablement à ces demandes pour pouvoir quitter leur pays, puis au bout de
quelques mois ou quelques années partent dans les villes (ou la vie est bien plus
agréable) ou retournent chez eux où la paperasserie et la pression fiscale sont bien
moins lourdes.
I have a dream !
En priorité, je rêve que soit redorée l’image du médecin français : le médecin de
famille, apprécié, admiré, respecté, écouté, tel qu’on le voit encore dans les vieux livres
d’école de l’après-guerre.
Je rêve que ce respect soit lié à la qualité de son travail, malgré à la dureté de sa
vie professionnelle où il doit être présent partout et tout le temps.
Je rêve que l’on retrouve les spécialistes dont les malades ont besoin : non pas
dans des hôpitaux saturés et épuisés, mais dans les villes comme dans nos
campagnes où il devrait y avoir obligatoirement des structures de soins (Maisons
médicales?) comprenant généralistes et spécialistes en nombre suffisant avec,
pourquoi pas, un urgentiste et/ou un interniste prêts à répondre aux vrais problèmes du
quotidien.
Je rêve de maisons médicales où l’on puisse trouver un médecin compétent
24h/24 dans toutes les villes, au prorata de sa population.
Je rêve aussi que l’État face preuve de fermeté face à un Ordre des Médecins
empêtré dans ses contradictions, ses hésitations, ses faiblesses , ses appartenances
sectaires.
Je rêve que l’Ordre des Médecins prenne enfin les mesures qui s’imposent face
aux faux certificats médicaux, aux certificats de complaisance qui étouffent les
entreprises et aux certificats bidons qui n’engagent que ceux qui les signent, face aux
charlatans, aux anti-tout (Dont les anti-vaccins) et à toutes ces médecines parallèles

qui fleurissent autant que les gourous et qui nuisent, grâce à leur publicité mensongère
et leurs résultats impressionnants, à ceux qui ont le savoir de la Science.
Je rêve que les patients prennent conscience de la difficulté du métier de médecin,
ne se rendent pas spontanément à des consultations de spécialistes sans avoirconsulté
leur généraliste, n’aillent pas encombrer cabinets médicaux et services des urgences
pour des bobos insignifiants que peuvent gérer les infirmières et maintenant les
pharmaciens, qu’ils cessent de se plaindre à longueur de journée pour obtenir des
examens autant inutiles que coûteux et des arrêts de travail fallacieux.
Je rêve enfin que les médecins généralistes puissent vivre une vie normale, qu’ils
puissent prendre des vacances comme tout le monde, aller chercher leurs enfants à
l’école, manger à des heures décentes et qu’ils soient rémunérés pour les heures qu’ils
font sans avoir à subir une pression fiscale indécente et une critique stupide de
quelques olibrius en mal de notoriété.
Que nos maires rendent d’abord nos villes accueillantes, attrayantes, avec de vrais
emplois autres qu’administratifs à vie, qu’ils créent de la richesse par leur capacité
d’innover. C’est à ce prix seulement que la population, comme les médecins,
reviendront progressivement dans nos petites villes et dans nos campagnes.
La France est malade et il n’y a plus assez de médecins pour la soigner. Qu’on
commence d’abord par prévenir avant de chercher à guérir.
Bon courage.

 La belette

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